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Francfortsaucissepetanque

14 juin 2007

Gérard et le mitard épisode 1 La journée avait

Gérard et le mitard épisode 1

La journée avait mal commencé, j'avais trop picolé la veille : j'étais tombé dans un traquenard, et j'avais un vieux mal de crâne qui n'en finissait pas de marteler mes tempes ; j'avais oublié mon rencard avec Stéphanie et par la même occasion ma partie de jambes en l'air et voilà que j'arrivais en retard à la rencontre départementale de boules de Périgueux contre Gerberac.

Heureusement, quand je suis arrivé Raymond et Jojo était encore au comptoir Ricard. Ils palabraient sur la stratégie à adopter dans la partie, moi j'ai toujours était un tireur et personne ne le remettra en cause, c'était de famille.

On sirotait tranquillement... J'avais déjà repéré une petite blonde gironde, potelée a souhait, un petit cul haut perché et une paire de coquillettes à me mettre l'eau à la bouche (et pas qu'à la bouche...) Quand Jean Luc, l'équipier Gerberac est arrivé en beuglant : « Il est mort ! Il est mort ! »

Moi, qui garde toujours mon sang froid en toute circonstance, j'ai foncé dans la direction des toilettes (d'où il sortait) et là... Je me suis retrouvé nez à nez avec Serge dans le troisième WC, à droite du local technique.

Le pauvre mec avait une partie du crâne défoncée et sur le moment j'ai eu du mal à comprendre comment ce gland de Serge avait réussi quelque chose dans sa vie...

La question me tarabustait : qu'est ce qui avait pu causer ce profond cratère sanguinolent? Mais là encore,  mon grand sens de l'observation  m'a permis de repérer dans la cuvette : une boule, elle illuminait la faïence d'un blanc tellement pur que la neige en aurait pâli.

C'est à ce moment que je me suis dit : mon Gérard, ce con de Serge ne s'et pas tué tout seul comme un grand qu'il n'est pas, mais est mort par les boules... Finalement sa mort ressemblait à sa vie et... 

Gérard et le mitard épisode 2

Je suis revenu tranquillement de mon pas félin vers la buvette c'est une seconde nature chez moi j'ai cette puissance du prédateur qui coule dans mes veines et j'ai observé l'assistance. Cet enfoiré de Bernard avait réussi par un quelconque miracle à ramener prés de sa buvette Miss coquillette et il palabrait de plus belle tout en la rinçant copieusement ce qui semblait avoir l'effet escompté : cette petite cruche se trémoussait à qui mieux mieux et pour la première fois de sa vie Bernard allait peut-être avoir l'ombre d'une chance.

De plus, personne ne semblait avoir été touché par la mort de Serge, je suis resté sceptique résultat de mon esprit d'analyse, un de mes atouts majeurs...Que cachait cette indifférence ? 

Car il faut le reconnaître  sans ambages, Serge n'avait jamais été qu'un tireur de seconde zone, un bas de gamme on dit chez nous un bas de boule, ce genre d'amateur de la boule qui ne joue que le dimanche parce qu'il n'a pas d'envergure : rien dans les boules, un tireur à la petite sauvette, un de ceux qui font honte à la profession qui ne respecte pas l'histoire drainée par tant d'hommes illustres, de vaillants défenseurs de la boule, des lutteurs contre le froid et le mauvais Ricard enfin tout notre patrimoine piétiné; logiquement après tout, sa mort ne semblait concerner personne.

Et c'est là que j'ai sorti le grand jeu, pas seulement pour Serge il est vrai paix à ses boules, mais surtout pour Miss coquillette et pour casser son coup à Bernard. Je n'avais pas dit mon dernier mot, loin de là et c'était bien mal me connaître que de penser que je pouvais me faire doubler, il y a des situations où Gérard ne rigole pas...Jamais! Et les boules en faisait partie, pour ne pas dire qu'elles occupaient l'essentiel de mes préoccupations. D'ailleurs, pour être honnête avec vous, il n'y avait rien d'autre dans ma vie...Et dans mon cerveau .

Je me suis approché du comptoir et j'ai ordonné à ce minus de Bernard de me servir un Ricard illico, il me fallait bien quelque chose dans le gosier et puis j'avais vu faire ça dans les films américains  avec le héros qui meurt jamais; et après une gorgée réconfortante, je lui ai instamment donné l'ordre téléphoner à la police en lui résumant la situation remarquez l'autorité qui se dégage de moi... Ce à quoi la poulette s'est exclamée : « Mais il y a eu un meurtre ! Mais on a tué mon Serge ! » Et elle s'est mis à sangloter mais pas trop fort quand même... Je ne parvenais pas à distinguer si c'était son trop peu d'attachement pour ce finaud de Serge ou l'alcool qui anesthésiait ses sentiments. Ce qui était sûr par contre c'est que je venais de ruiner ma technique d'approche mais ce n'était pas trop grave j'avais toujours une boule de rechange un Gérard n'est jamais pris au dépourvu.

Et puis je n'en revenais toujours pas qu'une fille de son acabit, tout de même c'était un beau petit bout, traîne avec Serge. Je me suis mis à faire crapahuter mes méninges et j'ai fait toute une série d'hypothèses.

La première: que Serge louait ses services et que la donzelle était une fille de petite vertu, le truc bateau. Mais mon raisonnement péchait: Serge petit fonctionnaire marié trois enfants ne pouvait pas se permettre ce train de vie-là, surtout que la petite semblait avoir des besoins plus que criant, à voir comment elle était fagottée. J'ai jeté à nouveau un coup d'œil sur son postérieur, elle portait un petit cycliste moulant et je voyais se marquer, l'étoffe étant très fine, la marque de sa culotte cela lui dessinait une paire de fesses intersidérales à en perdre la boule. J'étais chaud comme la braise mais j'ai chassé cette vision de ma tête pour reprendre le cours de mon intense réflexion force et maîtrise sont 2 qualités essentielles d'un vrai bouliste.

La deuxième hypothèse: une histoire de boules me semblait aussi peu vraisemblable, ce pauvre hère n'avait jamais rien eu dans le pantalon et quoi qu'en disent certains qui veulent se rassurer, les boules font l'homme et  comme le dit le dicton:« qui n'a pas de boule regarde passer les moules»

La dernière idée qui me vint, mais ce fut de courte durée, était que ces 2 là vivaient une véritable histoire d'amour...?Même si je ne suis pas une femme Oh! Merci mon dieu, et même si l'on ne parle ni de beauté ni de charme, qualificatifs impropres au personnage de Serge, cela me semble impensable de lui trouver un quelconque attribut pouvant être valorisé et le valorisant par la même occasion... Peut-être son jogging Quine... Vert olive avec des rayures marron qu'il portait depuis 10 ans à chaque sortie du dimanche et qu'il repassait avec grand soin, tâche qu'il n'aurait confié à personne se plaisait-il à raconter quand il s'épanchait à la buvette. Je me souviens très bien du premier jour où il l'a porté : le silence s'est fait instantanément dans l'assistance, ce genre de silence qui précède les grands moments, un silence grave, annonciateur... De la venue d'un nouvel élu même si ce n'était qu'un demi-élu et à partir de ce jour, Serge est devenu l'un des nôtres, presque...

Enfin, à part son jogging, Serge n'était pas vraiment une gueule d'amour mais de nos jours il faut bien se garder de tout comprendre et peut-être que Miss berlingot en avait après son Quine, cela me rappelait cette histoire que m'avait raconté Bernadette, la buraliste sur une disparition inexpliquée de joggings dans la région, à voir, au point où nous en étions...

Et puis soudain, comme une boule qui aurait glissé par mégarde déviant de sa trajectoire et produisant un drame dans l'assistance, Micheline, j'avais enfin dégotté son p'tit nom, a fini son verre, nous a souhaité une bonne fin de soirée et s'est éloignée quelque peu agitée et balançant du père fouettard. Moi je ne l'entendais pas ainsi, je lui ai laissé un peu d'avance histoire de jouer la carte de la discrétion vous vous souvenez, mon côté félin ? Et je me suis mis à la suivre...

Gérard et le mitard épisode 3

Je me suis mis à ausculter la place, j'avais le scalpel dans l'œil, mon regard perçant et acéré de grand prédateur quadrillait l'espace. Depuis ma position, le moindre brin d'herbe était détecté et analysé par ma pupille d'acier, j'étais caché dans l'ombre de la buvette bercé par les vapeurs réconfortantes de Ricard. Mais aucune trace de la présence de Micheline.

Et j'aurais préféré ausculter ses coquillettes plutôt que de répertorier le nombre de cadavres de bouteilles de ricard. Je commençais à me ronger les sangs et à perdre patience eh oui je suis humain ! Si je continuais à faire le pied de grue ici, j'allais aussi rater Caroline qui devait être encore au Macumba : c'était le moment de faire un choix.

Mais je n'eus pas le temps de m'appesantir sur mes dilemmes et de les mettre en concurrence, voilà que Micheline venait de surgir de l'autre côté de la place et qu'elle se dirigeait vers une AX blanche. En ni une ni deux, j'ai traversé l'espace qui me séparait d'elle et j'ai pris position dans ma tire, la filature commençait, à nous deux ma petite sardine... !

Je vous passe les détails, la petite était complètement agitée tant mieux ce ne serait que meilleur, et elle a fait trois fois le tour de Gerberac. Puis elle a pris la sortie centre ville, je nageais dans le bonheur...on touchait au but, elle allait rentrer chez elle, et en avant ma petite sardine ton espadon arrive...ça va être la folie dans le récif !!

Elle est descendue au 3 de la rue Montaigne devant le café « Au bon coup » cela me semblait déjà de bonne augure une bonne sardinade en perspective et elle s'est engouffrée comme une furie dans l'entrée. La lumière s'est allumée : logique ! J'aimais de plus en plus cette petite truite, prévisible à souhait qui allait se réfugier dans son mouillage et qui ignorait le danger sourd qui l'attendait. En effet, il ne me restait plus qu'à attendre confortablement installé dans ma carriole qu'elle allume chez elle pour aller relever les filets. Cette petite truite allait tâter de l'hameçon et bientôt elle serait au bout du mien... Gérard le grand prédateur du récif, le squale infatigable lui laissait encore quelques minutes de répit, histoire de la laisser gamberger encore un peu. Puis j'irais frapper à sa porte pour faire monter l'angoisse à son maximum, et enfin j'apparaîtrais dans l'œilleton , elle verra en moi le sauveur de l'univers, le héros inattendu et tant espéré...Et en avant le spectacle... Micheline se jetterait sur moi, je serais son récif, sa bouée et ne voyait là aucun lien déplacé avec ma combinaison en peau de boules qui me va toujours comme une deuxième peau, Gérard ne grossit pas, Gérard est et restera toujours un sexe symbole étincelant par tous les pores... du Ricard.

Oui, elle se jetterait sur moi éperdue, reconnaissante, endiablée, frémissante... Mais j'étais toujours en bas, dans le caniveau... J'ai attendu encore 2 ou 3 minutes... Les réjouissances valaient bien encore un peu de patience. Et puis j'ai entendu crier. Je me suis engouffré dans l'entrée et je me suis rendu compte qu'il y avait une porte éclairée qui donnait sur le bar. Je me suis rué dans la pièce et je me suis retrouvé dans la cuisine qui était allumée, j'ai distingué des voix toutes proches, la cuisine donnait à l'arrière du comptoir. Puis tel une anguille, je me suis faufilé , jusqu'à attendre pleurnicher puis une voix courroucée s'est mise à lui  répondre : « Arrête  j'te dis ! Tu m'les casses menues à vagir ainsi, mais pourquoi qu'ta tout gâcher ? » J'étais derrière le comptoir, j'ai relevé la tête subrepticement et j'ai vu Micheline ligotée sur une chaise avec une espèce de p'tit salopard simiesque à ses côtés. Apparemment elle ne comprenait rien car elle en a remis une couche et à recommencer ses jérémiades. Là, le mecton en a eu assez et lui a rebalancé sa pogne dans la tronche. Je m'suis dis mon Gégé c'est le moment où jamais, fais péter la combinaison en peau de boules...

Gérard et le mitard épisode 4

J'allais me jeter sur ma sirène, la délivrer... Je me sentais fort comme un barracuda, combattant comme un orque, véloce comme un requin tigre, et envahissant comme un calamar...

Et j'ai surgi de derrière le comptoir en poussant un cri rauque et mâle : encore une des armes redoutable et infaillible de la puissance de Gérard.

Le petit nabot en est resté le mufle branlant, l'œil vitreux, ses bras ballants sortaient  de ses manches de chemise : une pilosité de grand singe jaillissait de ses avant bras. J'en ai profité pour me jeter sur lui, saisissant au passage la première chaise venue et la lui envoyant  violemment. Son sort était déjà écrit et il était en train de réaliser sa fin, ses yeux comme 2 coques vides regardaient désespérément le coup venir comme hypnotisés, il ne pouvait plus rien, la victoire était du côté de Gérard. Le petit gnome a été écrasé en moins de 2...Je souriais d'aise. Il vagissait sur le sol tel un fétu de paille rejeté par l'océan et l'océan c'était moi : Gérard et je l'ai quand même achevé d'une droite on n'est jamais trop prudent et puis ça détend. Puis, tel Neptune sortant des flots, je me suis avancé face à elle, dans un ralenti héroïque : cheveux au vent, bras tendus, sourire enjôleur et je lui ai dit : « N'aies plus peur Gérard est là... Enfin, moi j'te promets ma p'tite Micheline je ne te ferais jamais... que du bien !!! Et j'm'y connais...»  Je me suis mis à me bidonner intérieurement, quel talent !!

Mais voilà que Micheline faisait capoter tous mes plans, cette petite courgette ne bougeait pas d'un pouce....Il fallait que je me contente de cette fin minable...

J'ai desserré ses liens et je l'ai transportée dans ma tire. Je vous avoue que j'étais un peu blasé, je la sauvais et je n'étais même pas récompensé, enfin... J'ai essayé une nouvelle fois de la réveiller, en collant sur mon visage ce sourire ravageur à 3 cm du sien, je me disais que mon pouvoir magnétique aurait raison de son minable évanouissement mais rien n'y faisait, l'heure était grave... Micheline n'était pas sauvée, elle gisait là entre mes mains, son destin était entre mes mains, je pouvais décider de sa vie ou de sa mort. J'étais Dieu à présent, serais-je charitable ou cruel ? Je me suis laissé quelques secondes de réflexion...Est-ce que Caroline était encore au Macumba ? Plus important : le samedi soir de quelle couleur étaient ses tenues affriolantes? Cette petite s'était mis à développer son côté imaginatif, en associant les jours de la semaine à une couleur ou plus exactement à un thème renvoyant à une couleur soi disant pour être en osmose avec les constellations...et à vrai dire les constellations je m'en tamponnais le coquillard mais le résultat était plutôt satisfaisant et j'avais une préférence pour les culottes en dentelle rose, Gérard a des plaisirs simples...Donc question : de quelle couleur était sa culotte ce samedi soir ? J'étais chaud comme une baraque à frite...

Et puis, j'ai quand même eu la présence d'esprit de retourner à l'intérieur pour faire les poches de l'autre nabot. Ce brave gus me disait quelque chose et j'ai vite fini par comprendre ou j'avais vu sa gueule patibulaire, dans son portefeuille il avait une série de cartes de visite marquées : Nicolas Choirsy mannequin pour l'homme moderne. Eh voilà, je l'avais repéré sur la page56, il posait pour l'épilateur de poils de nez que j'avais failli acheter, mais je m'étais rabattu sur les chaussures avec amortisseur et le slip grande contenance.

Je ne faisais toujours pas le lien entre les 3 protagonistes et je n'avais plus le choix il fallait emmener Miss coquillette à l'hosto le plus proche, le plus vite possible après j'aurais toujours le loisir de la faire parler.

J'ai arraché le bitume, ma carriole était une bonne petite on pouvait lui faire confiance à elle et j'ai fait un dérapage contrôlé dans la cour de l'hosto. Bien sûr ça s'est précipité dehors et ça a commencé à grogner et râler mais dès qu'ils m'ont vu dans ma tenue de lumière un silence interrogateur s'est fait, ils ne faisaient plus les fiers, pardi ! Les pauvres, je ne leur en voulais pas, ils restaient là, bouche bée, ils n'avaient jamais vue la véritable combinaison en peau de boules,  je crois qu'ils n'arrivaient même pas à se rendre compte...J'ai fait un tour parmi la foule virevoltant d'aise et puis j'ai pensé que j'étais là pour Micheline, il fallait toujours qu'elle gâche tout celle-la !!

J'ai accosté un petit mec, un freluquet de rien du tout et j'lui ai dit : « Y a une poulette mal en point dans ma tire, tiens j'te laisse les clés mais pas de folies !! » J'ai vu une lueur dans ses yeux, il m'enviait !! C'était ça mon pouvoir : l'autosuggestion...

Mais c'est là qu'un grand escogriffe a débarqué, j'l'avais même pas vu arriver, il a pris les clés que j'avais refilées au mecton et m'a dit : «  Docteur Gaudri. Julien ».

J'avoue que j'étais un peu dépité, j'avais exprès laissé Micheline entre les mains d'un petit moche et voilà que je la mettais dans les bras d'un grand... pas beau faut pas exagérer, par rapport à moi, bon il m'arrivait pas à la cheville mais quand même je m'sentais pas rassuré. Les blonds c'est mièvre, on en parlait encore avec Jojo et Lolo avant l'incident mais ça leur plaît, allez savoir pourquoi, elles ont pas de goût ces petites, elles tombent toujours dans le panneau. Et puis, il a commencé à me poser des questions vraiment déplacées : sur ce qui s'était passé, sur les marques qu'elle avait aux poignets, et pire : si on avait fait une soirée déguisée.... Il commençait à m'échauffer sacrément l'docteur et puis il avait ce léger sourire aux lèvres qui me disait rien qui vaille. Mais voilà que je n'avais pas enduré assez de souffrance, il est allé lui même chercher Micheline dans le coffre, oui je l'avais mise dans le coffre au cas où elle vomisse...Y a rien d'anormal à ça, je suis prévoyant c'est tout ! J'ai quand même un intérieur en skaï que je lustre tous les deux jours, je n'allais pas risquer un drame tout ça pour une poulette que je ne m'étais même pas faite et puis quoi encore... De toute façon, elle était dans le coaltar alors elle ne s'était rendue compte de rien et puis il y a une couverture dans le coffre Ah ! Ça vous en bouche un coin. Donc je disais qu'il était allé la sortir du coffre, sans oublier au passage de me jetait un coup d'œil assassin, et au moment où il franchit le portique la tenant étroitement dans ses bras, voilà pas Micheline qui se réveille et qui se pâme : mon sauveur ! Et elle s'évanouit aussi tôt, j'ai quand même, voyez ma présence d'esprit, crié c'est moi ! Micheline c'est Gérard!!! Mais ma voix s'est perdue dans le vide...Le mal était fait... Ah ! Le mufle, le traître, mais je n'ai pas dit mon dernier mot !

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14 mai 2007

Gérard broie du noir

Gérard broie du noir épisode1

Génuflexion calculée, l'œil vif et affûté... Tel un lynx aux aguets, mes muscles sculptés par des années de pratique pétanquienne sont sur le qui-vive. Logée au creux de ma paume tel un sein irisé, la boule étincelante capte tous les regards jaunifiés par le Pastis 51. Une charmante donzelle s'évanouit dans la tribune du boulodrome agenais et personne ne songe à lui porter assistance tant l'heure est grave.
La finale du tournoi des deux vignes a rassemblé deux mille amateurs venus de France et de Navarre, du Poitou jusqu'à la Gascogne, du Quercy jusqu'aux rives languedociennes... Ya même un type du genre texan jusqu'aux santiags ... Ginette, ma chère et tendre, s'est mise à la danse countrie et a converti cet amerloque à la pétanque de Marseille qui, depuis, vient m'encourager tous les dimanches en secouant frénétiquement sa chemise à franges. La notoriété n'a pas que des avantages. (Penser éventuellement à lui tirer une boule)
Donc le Texan est là qui mastique bruyamment son chouiguegomme à s'en décapsuler les mandibules. La gonzesse qui gît par-terre fait un joli macchabée au goût de reviens-y, un alléchant ptit potiron dans un écrin de verdure. Une autre pintade, du genre rustique celle-là, sans édulcorant ni conservateur , ouvre sa bouche en cul-de-poule, soit parce que la tension a atteint son paroxysme, soit parce qu'elle a le tarin obstrué de morve, ce qui n'est pas improbable. Il faut dire qu'au mois de décembre, il serait belliqueux de parler d'une chaleur australe à Saint-Plouc-sur-cave. En tous cas, son côté pachyderme ne me déplait pas et j'esquisse un sourire en pensant à la septième mi-temps.
C'est le moment que j'attends depuis des lustres, la consécration ultime, la cerise sur la pièce montée de mon superbe palmarès... « Le dernier coup à jouer, c'est pour mon Gégé », qu'il a dit le Maurice.
Allons-y.
D'un geste élégant et souple, je déroule mon poignet droit vers l'avant... JOLIE FLEUR DE JOLIE FLEUR, mon panard droit dérape à mesure que ma semelle s'arrache. Je suis contraint de lâcher précocement la boule décisive du tournoi. Ma rotule gauche se brise contre le sol. Une douleur lancinante m'enflamme le genou et remonte jusqu'au slip kangourou.
Ô rage, ô désespoir... J'essaie de rattraper l'impossible mais ma guibole continue de glisser dans la poussière, j'ai l'air d'une ballerine en grand écart et mon collant panthère se tend à en faire blanchir les élastiques. Une frisson atroce parcourt la foule atterrée.
Quand soudain se produit le vrai drame: alors que la boule, désespérément projetée à la force des phalanges, décrit une courbe ovale ressemblant étrangement à la parade nuptiale d'une gerboise des marais, ma combinaison fétiche dédicacée par Robert Étamère en personne s'éventre dans un craquement interminable et laisse apparaître, à la stupeur accablée des plébéiens, mon slip kangourou Nike jaune canari que Stéphanie m'a ramené de son voyage au Vietnam.
Scène funeste. Les femmes crient et les hommes pleurent. Les jeunes s'évanouissent et les vieux gémissent. Le ptit potiron s'est réveillé en sursaut et mon pachyderme dégringole les gradins avec une violence inouïe. Le Texan, interloqué, en a avalé son chouinguegomme et s'arrache les franges de la chemise.
Oui, j'ai failli à la déontologie du sport de boules. Oui, j'ai fait une grave entorse au code d'honneur du FrankfortSaucissePétanque... Oui, j'ai trahi la succursale de Pastis-Ricard-Berger qui sponsorise notre équipe depuis vingt ans.
Vingt ans au service de la Frankfort Saucisse, quinze médailles, dix-sept coupes, dix-neuf trophées et vingt-cinq morts de cirrhose... c'est toute une épopée qui s'écroule avec ce foutu slip Nike non homologué.
C'est sûr, la mafia de la pétanque va me descendre... « Mon ptit Gégé, t'es fait comme un rat », me confirme Raymond avec un regard de basset hound. C'est vrai qu'ils sont pas finauds dans la Petanca Nostra... J'ignore quels abominables supplices vont précéder mon trépas.
Misère de misère, pour couronner le tout, la cerise de mon palmarès s'envole: la boule a sauté le cochonnet, et du coup, les salauds du Sporting Boules de l'Entre-Deux-Mers sortent définitivement victorieux de l'affrontement interrégional. Je vais décéder sans gloire aucune. Ça me fout les boules.
Je vois déjà les futurs titres de la presse locale: « Le champion de boules toutes catégorie trempé dans une affaire sordide jusqu'au slip», « Scandale qui secoue les boules du monde entier» ou encore « Gégé s'ouvre l'entre-deux-jambes et s'incline devant l'entre-deux-mers» ...
Étalé sur la piste dans une position guère confortable, une pensée de Schopenhauer traverse soudain ma caboche abrutie:
« La vie, c'est comme une échelle de poulailler, c'est court et c'est plein de merde ».
Je me lève et remballe mon slip avec moulte vergogne. Cette fois, ma réputation de tireur infaillible est bel et bien niquée.
Pourtant, une vague de révolte s'empare de moi. Je jure de démasquer l'enfant de pute qu'a décollé les semelles de mes godasses et de lui faire bouffer mes slips sales jusqu'à ce que mort s'ensuive...
Suite au prochain épisode...

Gérard broie du noir, épisode 2


Je détale comme un lièvre les escaliers du boulodrome (cherchez l'erreur...) et saute dans ma caisse avec la grâce d'un kangourou. Mets le contact et me tire au plus vite... La petanca nostra doit déjà être à mes trousses, mes jours (que dis-je? mes heures!) sont comptés. Gégé est attendu au tournant, va falloir la jouer serrée. J'appuie sur le champignon et commence à faire fonctionner ma cervelle grise au plus haut régime. Bon, résumons: 1) j'ai foiré mon coup et l'entre-deux- mers est champion de Gascogne 2) j'ai craqué mon collant fétiche en public 3) le monde entier sait que je porte des slips kangourous vietnamiens et que par conséquence je suis coupable d'infidélité sponsoricarde et que je viole de façon éhontée le code des boules 4) Je suis conspué par mes semblables 5) j'ai la petanca nostras au cul et vais bouffer les pissenlits par la racine avant d'avoir goûté les joies de l'échangisme...
Une solution doit s'imposer et vite! J'ai déjà fait 20 kilomètres dans la campagne, 20 kilomètres que ma vie incomplète défile dans mon esprit. Tous mes collègues sont en train de prier pour mon salut dans un boulodrome, tous vont être mis sur écoute, personne sur qui compter, seul devant la mort et la mort dans l'âme, putain Gérard, il faut que tu trouves!! Trouve!! Trouve!
Soudain un éclair de génie me secoue le corps.... Oui, peut être y aurait-il moyen de négocier mon corps et ma vie... Je me souviens du temps où la petanca nostra, la puissante maffia, s'intéressait à mon plus grand trésor... ma combinaison en peau de boules! Elle seule peut sauver ma peau, ou du moins ce qu'il en reste.
Attention, pas question de leur livrer le secret de mes entrailles mais seulement de faire en sorte de réhabiliter ma valeur de joueur de boules...
Oui c'est ça, je vais leur faire miroiter la possibilité de la donner à la ville de Bouniagues... et leur offrir l'opportunité de construire le sanctuaire de la boule comme ils l'avaient envisager, réapparaître comme un héros acclamé par la foule en délire, avec un casino, trois piscines, quinze boulodromes et ma statue de marbre dominant l'ensemble.
J'élabore un plan diabolique digne des plus grands stratèges... Gérard est fort, très fort.
J'oublie un détail: il faut que je retrouve l'enfoiré qu'a trafiqué mes sandales 100% coton non équitable. C'est d'abord en condamnant cette ordure que je serai absout par la communauté pétanquienne. Je m'arrête dans un sous-bois pour examiner de plus près le sabotage de ma pompe... J'en étais sûr! Le salaud (ou la salope, qui sait?) a utilisé un mode opératoire ique: le décollage de semelle en caoutchouc tout en douceur, camouflé jusqu'au moment fatidique du pointage de la boule par un système que je reconnais ingénieux: du scotch double face maintient la semelle par le talon et s'indépendance de la godasse dès qu'on exerce une pression importante à l'avant de la plante du pied... comme lorsque Gégé s'apprête à tirer...
Si on n'était pas à Saint-Plouc-Sur-Cave, je jurerais que Mac Gyver est derrière tout ça.
Réfléchissons. Doit bien y avoir un moyen de coincer cet enculé. Eh attend cousin!! J'en crois pas mes mirettes!! Le scotch double face dont je te parlais là... C'est pas du scotch ordinaire... Je te le donne en mille: c'est du scotch insecticide! Tu saisis? L'adhésif marron en forme de tire-bouchon que les vieux accrochaient au plafond pour attirer les mouches... Tu le visionnes dans ta tête? Eh ben c'est ça qui m'a valu le privilège de révéler mes dessous à des milliers de personnes...
Tu vois ce que ça veut dire? Allez, fais marcher tes méninges bon dieu! T'as pas une petite idée d'où peut provenir cette arme redoutablement gluante? Allez, je t'aide un peu: un endroit où on n'a pas beaucoup de moyens (parce que là quand même c'est vraiment les moyens du bord!), un endroit où ya beaucoup de mouches... beaucoup de mouches à merde... Tu trouves toujours pas? Allez, on va pas y passer la nuit, je te rappelle que ma tête et mes couilles sont mises à prix par la petanca nostra et que suis pas encore à l'abri de quelques coups de pute... Les chiottes du local technique... Tu te souviens? Maurice avait été obligé de commander un stock de cinq cent rouleaux tue-mouche après que cet imbécile de Serge soit réduit à l'état de charogne dans les turques en faïence... Tu piges maintenant? Moi aussi je suis incrédule, j'en reste comme deux ronds de flanc, oui, ça me troue le cul... J'ai été trahi par un des miens... Par un membre du Frankfort Saucisse Pétanque!! Dingue! Mais qui? Les visages de mes compères se bousculent dans ma tête... Impossible, je peux pas croire qu'il y ai un faux-cul dans le lot... Mais quel serait le mobile? Qui pourrait me haïr au point d'organiser sa propre défaite au tournoi... Franchement, c'est un vrai casse-tête. Je suis abattu. Je ne vois qu'un motif plausible: la jalousie. C'est vrai quoi, je suis un tombeur... j'ai qu'à claquer des doigts et toutes les femmes se prosternent à mes pied, je suis l'idoles des jeunes, les hommes me considèrent comme un dieu vivant... et on peut pas en dire autant de mes coéquipiers si tu vois ce que je veux dire... Plutôt mou de la galoche les gars... C'est pas pour critiquer mais faut se moderniser quoi...
Un coup de scotch, ma réputation foutue qui leur laisse plus de champs libre pour dénicher des gonzesses... Parce que faut bien dire que je suis du genre à occuper l'espace quand il s'agit d'allonger... Trêve de rêvasserie, l'heure est grave et je ne sais toujours pas qui veut ma peau... Mais tiens j'y pense, le voilà le mobile du crime... Ma peau!! Je veux dire ma combinaison en peau de couilles véritables... La clé de voute du crime... C'est ça!
Ah le talisman sacré, le Saint Graal de la pétanque, l'icône de tous les bars PMU de la région... C'est moi qui suis en sa possession, c'est moi qu'on veut éliminer... c'est aussi simple que ça.
Le motif du litige est forcément la solution du problème, tout le monde sait ça, combattre le mal par le mal, c'est bien connu...
Ma combinaison en peau de boules...
Je me souviens...
Affaire à suivre...

Gérard broie du noir, épisode 3

A l'époque, j'étais très jeune mais à 20 ans j'avais déjà la passion des boules et des femmes. Tout roulait, sur les boulodromes et les pavés ; j'avais déjà fait les 400 coups (et même plus !) avec mes acolytes de toujours, Maurice et les autres. Le FSP était en train de voir le jour sans que l'on ne s'en aperçoive et les autres avaient encore cette e que moi je n'ai pas perdue.
Et puis, un jour, une lettre du ministère de la défense a fait basculé ma vie. J'ai dû remplir mon devoir envers la nation et suis parti faire mon service militaire en Afrique.
Que des mecs qu'y avait à la caserne ! Le cauchemar ! Pas une petite gazelle à me mettre sous la dent ! Alors j'ai compris à quoi servaient les permissions quand j'ai vu les ravages que causait l'uniforme sur ces femmes souriantes dont la peau aux reflets bleutés me rendait fou (oui, c'est là-bas que j'ai commencé à devenir poète). C'était la fièvre du samedi soir tous les jours, elles m'appelaient Gégé Travolta... Jusque là quoi de plus normal ?! Sauf qu'un soir, lors d'une escapade nocturne, je suis tombé amoureux d'une jeune tigresse... A 20 ans on est fou et j'ai décidé de sortir le grand jeu pour séduire cette sauvage petite chatte. Rien ne peut arrêter Gérard dans ces moments là.
J'ai repensé aux puissants effets de l'uniforme sur ces demoiselles, je me suis dit que j'allais en améliorer le concept et je suis parti à la chasse à l'éléphant. En deux jours, mon tableau de chasse n'égalait certes pas celui de mes conquêtes féminines mais enfin... trente paires de couilles d'éléphant étonnement bien préservées, qui pourrait les collecter aussi rapidement, je vous le demande !
Pour parfaire la chose, je décidai de les rassembler en une combinaison étroite que j'enfilai aussitôt pour aller rejoindre ma belle.
Pas besoin de vous faire de dessin, elle succomba sans résistance aucune et le Crocodilos, grand palace du coin, fut le théâtre de bien des acrobaties restées légendaires.
Bien sûr, cette combinaison d'une valeur inestimable est restée cachée du grand public : les risques de poursuites judiciaires pour braconnage et contrebande sont évidents. Mais la rumeur a vite fait le tour du monde, ma réputation de mâle infaillible et de guerrier de la boule s'est rapidement répandue et le mythe gérard a bientôt vu le jour. Désormais, il suffit qu'une femme passe la main sur cette peau rugueuse pour qu'elle devienne une nymphette folle de mon corps.
Le mobile de la jalousie est donc évident, pas besoin de faire une thèse là-dessus. Ça, c'est pour le sabotage de ma sandale. A la limite, c'est pas le plus grave, ma combi est en lieu sûr et le saboteur a été assez gland pour me faire savoir ouvertement que j'avais un ennemi parmi mon propre clan. Faut que je reste vigilant, rien de plus.
Non, la véritable affaire, celle qui est vraiment préoccupante, c'est celle du slip kangourou. Tous mes efforts et ma concentration doivent porter là-dessus. J'ai la petanca nostra au cul, nom de dieu et ça, c'est jamais de très bon augure.
Gérard n'a jamais peur de personne mais là c'est du costaud. La petanca nostra est une puissante maffia qui est née en même temps que la pétanque. Liée à de multiples affaires de corruption, principale actionnaire du groupe Pastis-Ricard-Berger, elle soigne ses intérêts financiers avant toute chose et ce, sans états d'âme. Des accords tacites ont été signés dans le plus grand secret un soir de décembre dans la cave du bistrot « au bon coup » et le PRB est devenu le sponsor exclusif du FSP, sans rémission. Cela signifiait un gage de qualité pour notre équipe et des profits économiques évidents pour le PRB. Je devins alors le représentant privilégié de la marque, une lourde responsabilité. Le tout était chapeauté par la petanca nostra, ça va de soi.
Voilà pour l'historique. Revenons dans le présent. Pas joli joli.
Les représailles sont imminentes, il faut que je me fasse justice moi-même avant d'être rattrapé par les redoutables sbires de la pétanca nostra... les frangins Red Boule et Pitt Boule. Rien que d'y penser, j'ai les boules toutes molles.
Mon plan : démasquer l'enfoiré du scotch insecticide et me parer de ma combinaison pour faire renaître la légende et étouffer l'affaire du slip kangourou.
Pour cela, pas d'autre alternative, il faut que je fasse appel à mon pote de toujours, celui en qui j'ai une confiance aveugle, Neil FuJiXel... Allez, je regonfle mes poumons, je remonte dans ma tire et tâche de trouver rapidement une cabine téléphonique.
Je me répète pour me calmer « pense boule, sens la boule, vis la boule, soit la boule ». Ca marche.
Je déniche un bigophone providentiel au bord de la départementale et j'appelle ce cher Neil.
Les nénettes le nomment familièrement Fu-Ji, comme le mont japonais, car c'est un « brun volcanique », à ce qu'elles disent, «quand il entre en éruption, ça secoue ! ». Un séducteur né, comme moi. Il pourrait être mon rival si on n'avait pas des champs d'action différents. On s'est bien trouvés : l'un appâte et l'autre ramasse, et inversement, on est complémentaires pour ce qui relève de la pêche à la moule. Car il aime bien les fruits de mer un peu faisandés... ben oui, le truc de Fu-Ji, c'est les vieilles, ce qu'il appelle élégamment « les femmes mûres », celles qui ont plus d'expérience, les moins farouches... Enfin, faut pas se leurrer, il a le béguin pour des antiquités qui ont les seins flasques et les fesses ramollies, « gérontophile », à chacun ses fantasmes ! En tout cas, il est méthodique ce mec, il te quadrille le secteur, et en un rien de temps il a tout un service gériatrique à ses pieds.
Fortiche, oui, sauf qu'il me doit une fière chandelle depuis le jour où je lui ai arrangé un coup avec une certaine Brigitte dont il s'était entiché...
L'heure était venue pour lui de me témoigner sa reconnaissance.

Gérard broie du noir, épisode 4

Gérard broie du noir, la suite. (attention, j'ai un peu merdé au niveau du postage des messages, donc cet épisode vient après celui où on apprend des choses sur les boules de Gégé...)
Je compose nerveusement le numéro en jetant de rapides et discrets coups d'œil par-dessus mon épaule. Il semble que j'ai une grosse longueur d'avance, comme d'habitude, mais on ne sait jamais.
Cinquième sonnerie, ce con ne répond pas. Messagerie disco, j'en vois pas la fin. Je décide de raccrocher, pas la peine de laisser un message qui pourrait me compromettre. Mais qu'est-ce qu'il fout, bordel, jamais là quand on a besoin de lui... Allez, je retente. Il décroche enfin, au bout de la quatrième sonnerie, long à la détente. Voix nonchalante :
« - Allô ?!
- Neil, c'est Gérard, j'suis dans la panade, il faut que tu viennes.
- Tout de suite ? Jpeux pas Gégé, on taquinera le cochonnet une autre fois si tu veux bien... Faut que je fasse la vaisselle, moi, elle va m'engueuler la Brigitte, sinon.
- Neil, arrête de déconner, faut que tu m'sortes de là, je me suis retrouvé sur le boulodrome en slip kangourou et la petanca nostra en a après moi.
Ah, ça l'a réveillé le Neil :
- Ouh là, compte pas sur moi, gégé, tu peux rien faire contre, j'suis content de t'avoir connu, vraiment, je regrette que tu sois déjà presque mort mais j'veux pas être mêlé à ça, c'est trop dangereux, j'ai Brigitte à m'occuper moi, tu comprends ?
Pas aventureux avec ça...
- Ben justement ta Brigitte, c'est un peu grâce à moi que tu te la coule douce avec elle, hein. Tu m'en dois une bonne, blanc-bec. De toute façon t'as plutôt intérêt à m'aider parce qu'il vont pas tarder à prendre des gens en otage, histoire que j'm'rende plus vite... ils savent pas que j'ai plusieurs boules de rechange ! Et figure-toi que toute la clique de la Petanca nostra (Pitt Boule, Red Boule, Istan Boule et Tristan Boule) m'a vu juste avant le tournoi en train de batifoler avec la Brigitte... Dans le feu de l'action, on n'avait pas fermé la porte du vestiaire... je crois qu'elle serait en bonne place dans la liste des appâts vivants.
- BRIGITTE !!
- Arrête de gueuler comme ça, bon Dieu ! Tu vas lui faire peur !
- T'es qu'un salaud Gérard, tu sais bien que je t'aurais donné n'importe quelle femelle à ton goût mais Brigitte, c'est sacré, t'avais pas le droit !!
Complètement frappadingue ce type avec sa vieille ! mais je savoure mon plaisir :
- Ben c'est-à-dire qu'à force que tu me vantes ses atouts... ça m'a donné envie d'en savoir plus... et de vérifier par moi-même. J'avoue que t'avais pas menti sur ce coup là... plutôt bon ! Elle se plaint pas trop des articulations au moins ?
- Je vais te casser la gueule Gérard, tu vas être tellement amoché que t'oseras plus te regarder dans ta boule !
- Allez, arrête tes conneries, on n'a pas le temps, là... Si ça se trouve, ils sont déjà en bas de chez toi. Je sais comment on peut faire pour les arrêter. Alors tu prends ta Brigitte sous le bras en essayant de pas trop l'abîmer, et tu rappliques vite fait au Café du Commerce, en faisant le moins de vagues possible.
Je raccroche avant d'entendre d'autres jérémiades.
Je remonte dans ma tire jaune ricard, direction mon deuxième quartier général. Tellement évidente, la planque, qu'ils auront sûrement pas l'idée d'aller me chercher là-bas.
Allez mon gégé, c'est le moment de montrer que t'en a dans le slibard. J'allume la radio et j'entends la voix suave et délicate de Jocelyne Tortellini :
« Radio France Boule, il est dix-neuf heures, tout de suite le flash infos avec Gilbert Montapié. »
Je la coincerai un jour la Jocelyne, avec la voix qu'elle a, peut pas être mal la gazière .
« Bonsoir Jocelyne ! Stupeur dans le monde de la boule : Gérard n'était qu'un vulgaire larbin portant des slips kangourous, il s'est incliné devant l'entre deux mers et il est en cavale depuis bientôt deux heures. Le boulodrome de Bouniague est en ce moment même le théâtre d'événements sanglants. On déplore pour le moment sept femmes suicidées à coup de boules de pétanque. Mais le bilan n'est malheureusement que provisoire. La foule est sous le choc, moi-même je ne sais que penser... Je vous propose un flash spécial dès que j'aurai des informations supplémentaires, Jocelyne. En tous cas, ce dont on peut être sûr pour le moment,... »
Calomnies ! Pas la peine d'en entendre plus, les médias les plus fiables ne sont pas au courant pour la Petanca nostra, c'est l'essentiel.
Je me gare chez mon compère Michel, le proprio du café du commerce, en prenant soin de bien la planquer derrière la haie.
Neil n'est pas encore arrivé. La porte est ouverte, Michel n'a pas fini les travaux du bistrot : torse-poil, le jean remonté au-dessus du nombril, un ptit jaune dans la paluche, il repeint le comptoir qui avait besoin de se refaire une santé, en fredonnant.
« Hé salut Gégé ! Tu tombes à pic, sept heures et quart : l'heure du ricard ! »
Je secoue la tête, dépité. Déjà fait comme un mickey, le Michel.
Michel, on l'appelle « l'arbite ». Je le connais depuis que j'ai lancé ma première boule, il était en train de passer sa licence de boules, option « mesure et écarts »... depuis, il a passé sa licence IV.
Michel, c'est un maniaque du jugement de boules... Peut pas s'empêcher de mesurer, calibrer, étalonner, estimer, comparer, jauger, évaluer les distances... Il s'entraîne tous les jours pour ça. Ya que pour le ricard qu'il sait pas doser. En tous cas, ses efforts ont payé, à force de répéter Thalès et Pythagore, dont les statuettes en plâtre ornent le bar, il a laissé son empreinte (et pas que ça !) dans le monde de l'arbitrage : c'est le seul capable de travailler à vue de nez, sans ficelle, ni aucun artifice. Incroyable. Le problème, c'est qu'il en fait trop. Le jour où on a su qu'il avait commencé à mesurer l'écartement des tétons des nanas pour s'entraîner, on a su qu'il était perdu.
Je lui explique rapidement les faits. Sans grande conviction, car il est aussi jaune que son Ricard.
« T'as pas de bol mon gégé, mais s'ils te cherchent à dix kilomètres à la ronde, t'es sauvé parce qu'ici on est à 10 kilomètres 300 du boulodrome de Bouniague... »
Irrécupérable !
J'entends soudain un vacarme indicible... La golf GTI de Neil vient d'arriver. Je la reconnaîtrais entre mille : c'est la seule qui crache du disco à plein ventilo.... Heureusement que je lui avais dit de faire discret !

14 mai 2007

GALERIE PHOTOS

Afficher l'image en taille réelleDu vrai ricard élevé en fût de chêne... c'est sûr, on est dans la cave du "au bon coup"! Vous aurez sans doute reconnu Maurice

Afficher l'image en taille réelle Mythique! Le club de Robert étamère!

Afficher l'image en taille réelle Maquette de la future statue de Gérard... Mais rien est encore décidé... Avis aux architectes, amateurs s'abstenir!!

Afficher l'image en taille réelle La vie est belle à Bouniagues... On voit pas trop les crevettes, elles se cachent, mais les pêcheurs avertis savent dénicher les trésors.

Afficher l'image en taille réelle  Concentration maximale...

1 avril 2007

révélations

révélations!!

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Dans l'ordre d'apparition:

Nicolas Shoirsy ou la première victime de Gérard: le mannequin de l'homme moderne, l'élégance et la prestance sont 2 de ses atouts majeurs, qu'il conjugue sans effort dans une démonstration vertigineuse du rasoir à poil de nez et autres slips kangourou grande contenance. Malheureusement pour lui, Il erre évanoui après avoir subi la bourrasque Gérard, car Gérard est un ouragan qui détruit tout sur son chemin!!

Julien Gaudri ou l'ennemi de Gérard: le voleur de Micheline. Comment le sens de l'accessoire fait pâlir une ribambelle de greluches, un chapeau et un cigare et l'affaire est dans le sac!! En effet, le médecin folamour dans notre dernier épisode a volé la vedette à notre héros mais pourra-t-il résister longtemps face à l'invincible force destructrice de Gérard, car en a-t-il vraiment dans le slibard???

Vanouschka la centurionne à la passoire ou comment le mauvais goût s'affiche haut et fort encore son côté Gérard même pas peur!!

les auteurs Sandra et Vanessa qui tiennent à remercier leur personnages pour leur compréhension dans cette collaboration étroite...On en sort jamais indemne!! Car il faut le dire avant tout Gérard c'est l'amour de son prochain, la compréhension de la nature humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus noble...Et quoi de plus noble que l'amour? Et Gérard veut vous témoigner tout cet amour c'est pourquoi il vous a choisis, vous simples mortels, petits vers de terre vagissant à même le sol...Est-ce que vous sentez votre coeur palpiter avec Gérard ? Des à présent vous faites partie de la grande histoire avec un grand H de Gérard!!

Pour vous remercier très prochainement une soirée Gérard sera organisée dont vous serez les invités d'honneur avec démonstration, essayage et manipulation de boules... de pétanque.

Même pas dans vos rêves...

27 mars 2007

les auteurs

Nous tenons à remercier Mr Carrier en effet, grace à sa flegme avachie, à son infinie mollesse et à l'inutilité de sa prestation, en un mot: grace au supplice que le brave homme nous a fait subir...Des heures de paroles confuses, de gesticulations pachydermiques ventre en avant enserré dans un tricot tachetté de sauce cantine, rehaussé d'une braguette malencontreusement restée ouverte.

Imaginez un instant, ce grand moment de solitude, cette angoisse vertigineuse qui nous a plongé dans le désespoir et c'est de cette descente aux enfers qu'est née Gérard!! Lui seul pouvait nous sauver, nous redonner le goût de vivre, nous faire croire en l'espèce humaine. Oui! Merci Gérard!!

Nous remercions aussi tous les Gérards en puissance qui n'ont pas peur de se l'avouer et toutes les Ginettes victimes de ce dernier.

Vive le Ricard, les boules et les slips kangourou

les Gerardettes eh oui nous sommes des femmes enfin presque!!

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8 février 2007

Mes amis l'heure est grave: Gérard est en

Mes amis l'heure est grave: Gérard est en mauvaise position et vos messages de soutien sont les bienvenus

19 décembre 2006

le must

19 décembre 2006

Autoportrait, Gerard dans la fleur de l'âge

gerard

14 décembre 2006

Eh voilà c'est la renaissance de Gérard un Gérard

Eh voilà c'est la renaissance de Gérard un Gérard en cache toujours un autre.

Amis de Gérard bien le bonjour!!!

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